Parisien le 15/4/2013
Le tri de vos déchets a généré 2500 emplois en dix ans
Trier, un geste écologique mais aussi créateur d’emplois. C’est le message
qui ressort d’une étude de l’Observatoire régional des déchets en
Ile-de-France dont le résultat sera présenté de main à Paris.
D’ici 2016, 100000 nouveaux emplois devront être créés dans les activités de
l’économie verte. C’est l’objectif fixé par le gouvernement. Et la région
Ile-de-France espère bien que la filière de traitement des déchets y
contribuera très largement.
« Trier, c’est créer du travail! », assure Geneviève Wortham, conseillère
régionale PS et présidente de l’Observatoire régional des déchets
d’Ile-de-France, l’Ordif. « Certains refusent de trier pour ne pas prendre
le travail de quelqu’un. Or tout ce qui est jeté dans la poubelle des
déchets ménagers est incinéré ou enfoui dans les décharges. » Alors inutile
de faire de la résistance en pensant préserver l’emploi. Un message que
l’Ordif entend bien faire passer demain, à l’occasion d’une rencontre
organisée à Paris, avec les acteurs du secteur, sur le thème « Mieux gérer
les déchets : une chance pour l’emploi? ». Il présentera le résultat d’une
enquête réalisée en 2012 sur les installations de traitement des ordures
ménagères.
Au moins 22000 postes directs dans la filière déchets. L’Ordif a passé au
crible les emplois salariés privés des usines d’incinération, des centres de
tri, des plateformes de compostage, des usines de méthanisation, etc.
Premier constat : en dix ans, ils sont passés de 15100à 17600 en
Ile-de-France. Soit une croissance de 16% de l’emploi contre 5% pour
l’ensemble des activités franciliennes. Et le nombre de salariés dans le
public est évalué entre 4000 et 5000. Pourquoi autant d’embauches? « A la
fin des années 1990, les collectivités ont mis en place la collecte
sélective, explique Valentin Sauques, chef de projet à l’Ordif. Il a fallu
mettre en place le transport, le tri de ces déchets et construire de
nouveaux équipements de traitement. Et ces dernières années, il y a eu un
développement des déchetteries. »
72% des salariés dans la collecte et le traitement, contre 21% pour les
activités de récupération et 7% pour la gestion des déchets dangereux. Les
centres de tri sont ceux qui emploient le plus.
Pour traiter 10000 t, le tri a besoin de 31 salariés, contre 3 pour
l’incinération et 1 seul pour l’enfouissement en décharge. 70% des
travailleurs de la filière ont un statut d’ouvrier avec peu de
qualification. Et la moyenne d’âge en Ile-de-France est plus élevée que la
moyenne nationale du secteur.
Enfin, les centres de traitement ne comptent que 14% de femmes. « Le taux
est même de 5% pour les déchets non dangereux, reconnaît Valentin Sauques.
Par contre, dans des secteurs comme celui des déchets dangereux, nécessitant
un plus haut niveau de qualification, le taux de féminisation est bien
supérieur. »
L’Ile-de-France peut faire mieux. En 2011, 26% des déchets ménagers ont été
dirigés vers les filières de recyclage. « C’est encore insuffisant »,
rappelle la région dont le plan d’élimination des déchets (PREDMA) prévoit
d’augmenter ce recyclage de 60% d’ici 2019.
La Directive européenne fixant elle-même un objectif de 50% de recyclage
pour 2020. Soit un vrai potentiel de créations d’emplois espère le conseil
régional. Notamment dans les recycleries dont les projets se multiplient.
Des structures souvent solidaires, qui embauchent et forment des personnes
depuis longtemps exclues du monde de l’emploi.
Article original rédigé par Chavillentransition et publié sur Chaville en transition
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